SOLUCE ALONE IN THE DARK 3



Chapitre 3 - Les Cavernes de l'Apocalypse

Epilogue

 

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CHAPITRE 3 - LES CAVERNES DE L'APOCALYPSE

AUX ABORDS DU RESERVOIR

J'entendais le sang battre dans mon coeur, mais je ne pouvais pas respirer ! Un poids horrible comprimait ma poitrine et appuyait sur mes paupières ! J'allais étouffer ! Je sentis un cri de panique et de rage enfler en moi. Dans un éclair de lucidité, je compris que j'avais réintégré mon enveloppe humaine, mais que celle-ci venait d'être enterrée ! Tous mes muscles se crispèrent dans une farouche fureur de vivre et mes bras s'élevèrent dans la terre encore meuble. Je me redressais petit à petit, centimètre par centimètre, repoussant la gangue qui me recouvrait.
Avec un grognement sauvage, j'émergeais de ma tombe au moment où Jed Stone s'éloignait, tenant Emily par le coude. Il avait contraint la pauvre fille à assister à mon enterrement ! Le shérif démoniaque fermait la marche. Il se retourna. Pris de panique, il tourna les talons et perdit son Colt.
J'imagine que même à Slaughter Gulch, on n'avait jamais vu de mort aussi récalcitrant que moi !

Objets trouvés : 1 colt.

SUR LA VOIE DE CHEMIN DE FER

Sans prendre la peine de me débarrasser de la terre collée à mes vêtements, je crachais sur la croix qui portait mon nom et me précipitais à la suite de Jed Stone. Au passage, je récupérais un morceau de savon. Quelques mètres plus loin, je me penchais et ramassais le Colt de Dawson. Je débouchais devant le réservoir au moment où Jed Stone disparaissait en haut. Le bougre avait placé un de ses sbires au pied de l'échelle pour couvrir sa fuite. Mais pas n'importe quel adversaire : il s'agissait de mon double spectral, généré sans doute après ma "mort". Je ne pus m'empêcher de penser que j'avais fière allure, coiffé d'un Stetson, et vêtu comme un outlaw, un holster à la hanche !
J'ouvris le feu sur lui et le touchais à l'épaule. Il répliqua simultanément et me toucha à l'épaule lui aussi. Serrant les dents pour réprimer un cri de douleur, j'attendis qu'il tire de nouveau, mais il semblait m'attendre, immobile au pied du réservoir. Ma seconde balle le blessa à la cuisse. Au même instant, il fit feu et me toucha à la cuisse lui aussi. Je commençais à comprendre... C'était comme si je me battais devant un miroir ! Un miroir qui aurait eu du répondant...
Restant à bonne distance de mon double, je jetais le six-coups à terre et m'approchai, prêt à en découdre aux poings. Je me mis en garde. Lui aussi. Mon poing rencontra le sien et se fondit en lui. Un choc électrique me secoua tandis que les hurlements de tous les damnés de la terre résonnaient dans mon crâne.
L'instant d'après, le calme était revenu. Je repris mon souffle. Mon double maléfique avait disparu. Disparu ? Pas vraiment : j'avais fusionné avec lui ! Je portais ses vêtements. Je n'y perdais pas au change : après mon incursion six pieds sous terre, mon ancien costume était fichu, de toutes façons.
Je revins sur mes pas et récupérais le six-coups que j'avais posé au sol.

Objets trouvés : 1 colt (le même), 1 morceau de savon.

LE RESERVOIR

Je grimpais le long de l'échelle qui menait au sommet du réservoir. Aucune trace de Jed Stone. Je m'aventurais sur la planche qui menait au cylindre central. Je m'assis dessus, effectuais un rétablissement et me laissais tomber dans l'eau croupie qui baignait le fond de la cuve. Je récupérais une fiole que je bus après avoir pris soin d'en essuyer le goulot avec le revers de ma manche. Puis j'entrepris d'explorer la cuve. Je n'avais pas fait deux pas que mes narines se pincèrent, torturées par une odeur fétide. Je fis demi-tour. Une loque humaine s'approchait de moi à pas lents, le pantalon raidi par la crasse. Autour du spectre, une nuée de mouches virevoltait, mais aucun des insectes n'osait s'en approcher à moins d'un mètre. Craignant de défaillir s'il faisait un pas de plus vers moi, je lui tendis le morceau de savon récupéré près du réservoir. Il s'en empara d'une main tremblante, comme s'il s'agissait d'un trésor inestimable. Au contact du savon, sa chair fut agitée de tremblements violents, et il se fondit silencieusement dans la fange. Mort pour défaut d'hygiène...
Je réquisitionnais la brosse à manche métallique qu'il avait abandonnée avant de disparaître. Les poils étaient moisis, mais je m'en moquais : j'insérais le manche dans le robinet de purge et m'en servis de levier pour ouvrir la trappe d'évacuation des eaux. Je croisais les doigts et me laissais glisser dans l'ouverture, ignorant ce qui m'attendait en bas.

Objets trouvés : 1 fiole, 1 brosse métallique.

LA PREMIERE CAVERNE

J'atterris au fond du conduit et roulais en avant pour amortir ma chute. Je me redressais : pas âme qui vive. Je me trouvais dans une galerie naturelle. Mais l'homme était passé par là... Sur un pan de paroi, je découvris le buste momifié d'un sachem navajo placé dans une niche. A côté était gravé un plan en coupe des cavernes, sans doute incomplet et trompeur. Il me permit néanmoins d'apprendre que je me trouvais au début d'un véritable réseau troglodyte, constitué de couloirs et de pièces de dimensions variables. Les indiens navajos avaient dû entreprendre la construction de ce réseau. Mais j'étais certains que les hommes à la solde de Jed Stone hantaient désormais les lieux et qu'ils avaient aménagé et piégé les cavernes. Selon le plan, le réseau s'établissait sur trois niveaux. En ce moment, je me trouvais au niveau le plus bas. Mais j'avais toujours eu de l'ambition et j'avais toujours rêvé de m'élever...
Sur le sol couvert de boue, je trouvais un carnet. Un nom était inscrit sur la couverture : Jerry Hutchinson, ingénieur des mines. J'ouvris le carnet du bricoleur :

"4 mais 1865. 21h30.
Tout contact avec le minerais de la montagne cause des mutations irréversibles. Mr Stone semble immunisé contre les radiations, mais tous les autres devront couler du plomb sur le minerais avant de le manipuler !

7 juin 1865. 2h du matin.
L'eau des cavernes semble parfaitement ordinaire, mais il s'agit d'eau lourde : l'hydrogène des molécules est remplacé par son isotope, le deuterium. Combinée au minerai, cette eau pourrait engendrer l'apocalypse ! Mais il me faut plus d'or...

21 juin 1865. minuit.
Les Aztèques prétendaient que celui qui ferait basculer le monde dans les flots par-delà la grande cicatrice règnerait sur le globe sans partage ! S'ils disaient vrai, alors je siégerais bientôt au côté de Mr Stone !"

Plus loin, je décollais une feuille de datura de la boue, et m'approchais de mon problème principal : l'immense bloc de roche qui m'empêchait d'accéder au niveau supérieur. Je tentais de le pousser, mais mes pieds dérapèrent sur le sol boueux. Plutôt que de transpirer inutilement, je décidais de faire fonctionner ma matière grise. Machinalement, je chatouillais mes narines avec la feuille de datura. La feuille de datura ! Avec un peu d'imagination, elle ressemblait à une plume !
Je la plaçais illico sur la coiffure du chef indien. Bingo! Avec un grondement sourd, le bloc de roche s'enfonça dans le sol, révélant l'escalier qu'il dissimulait.

Objets trouvés : 1 cahier technique, 1 feuille de datura.

LE DORTOIR

L'escalier donnait sur une caverne aménagée en dortoir. La pièce sentait l'ammoniaque, la sueur et le méthane. Mais je n'eus guère le temps de me livrer à une étude plus poussée de cette puanteur. Un bagnard solidement charpenté surgit du coin gauche de la pièce et s'avança vers moi. Evitant ses coups, je le condamnais aux travaux forcés à perpétuité à coups de directs du gauche.
Quelques vers de la Ballade de Slaughter Gulch me revinrent à l'esprit : "Au printemps, au mépris de toute loi,
Stone engagea une bande de forçats...". Je me trouvais sans doute dans le repaire des bagnards de Jed Stone.
Dans une niche, je trouvais une pioche de mineur. Près d'un grabat, dans une autre niche, je trouvais une fiole. J'hésitais à la boire, craignant que des lèvres qui auraient dû être mortes depuis longtemps se fussent posées sur le goulot. Mais j'avais besoin de forces, alors j'avalais son contenu d'un trait. Un forçat au visage extrêmement antipathique me tira de mes réflexions. Il me restait quelques balles dans mon six-coup. Je lui en offris une. Touché en plein coeur par tant de gentillesse, il s'effondra.
Je ressortis du dortoir, craignant que d'autres énergumènes n'y pénètrent. Je débouchais sur un petit surplomb rocheux.

Objets trouvés : 1 poème de bagnard, 1 fiole, 1 pioche.

LE GOUFFRE (Chap 9)

Devant moi s'étendait un gouffre infranchissable, dont le fond était garni de pointes acérées. Je ne possédais aucun objet utile, aucun indice qui m'aurait indiqué l'existence d'un éventuel passage secret. Mais il était ridicule de se lamenter: ces cavernes n'avaient pas été conçues pour servir de parcours de santé à un détective insomniaque !
Le sol était un peu plus usé sur ma gauche, à environ un mètre de la paroi. A cet endroit, je mis la main sur ce qui ressemblait à un poème :

"Hey, si tu bouscules l'homme à la carabine
Tu mangeras les pissenlits par la racine !
Mais si tu lui donne à boire, il t'en sera gré
Et alors jusqu'au ciel il te fera grimper !
Hey, une fois là-haut, gare-toi du vieux cinglé
Et Méfie-toi de ses aiguilles empoisonnées !
Hey ho, ho hé, moi je suis mieux sur mon grabat !
Hey ho, ho hé, la pelle, la pioche, c'est pas pour moi !"

Vu sa qualité littéraire, le poème était l'oeuvre d'un bagnard. Mais ce n'était pas pour autant un ramassis de stupidités : il contenait deux renseignements utiles. Le premier concernait cet "homme à la carabine" que je rencontrerais sans doute plus tard et sur lequel je n'aurais pas intérêt à lever la main. Le second me disait qu'à un niveau supérieur du réseau de galeries se trouvait un dément.
Mais pour l'instant, j'avais d'autres soucis. Partant de l'endroit que j'avais choisi, j'avançais un pied dans le vide. Une dalle se matérialisa au-dessus du gouffre ! Je me doutais bien que le parcours n'était pas rectiligne, aussi je m'en remis aux saints patrons des détectives privés, Smith & Wesson, et zigzaguais avec précaution. A chaque fois, une nouvelle dalle se matérialisait sous mes pieds, tandis que la précédente disparaissait. Aucun retour en arrière n'était possible ! Je fis un autre pas en avant, un pas à gauche, deux autres pas en avant, un pas à droite, un pas en avant, deux pas à droite, un pas en avant, et je me retrouvais de l'autre côté du gouffre.
Je n'eus même pas le temps d'éponger la sueur glacée qui perlait sur mon front : un colosse armé d'une pioche s'avança pour me barrer le passage ! Je levais mon six-coups et vidais le barillet dans la ceinture abdominale du forçat herculéen. Il fronça les sourcils. J'avais espéré lui faire plus de dégâts, j'avoue.
Qu'à cela ne tienne. Je levais ma pioche, m'approchais de lui jusqu'à sentir son haleine fétide et l'affrontais avec. L'échange fut violent, mais j'en ressortis vainqueur. Et en sueur. Son corps disparut dans le néant avant que je ne dusse me donner la peine de le faire basculer dans le gouffre. J'entrais dans la caverne dont il avait défendu l'accès.

Objets trouvés : Aucun.

LA BIBLIOTHEQUE

La caverne sentait le vieux papier et le rat increvable. Les parois avaient été équaries à la pioche et les murs étaient encombrés de rayonnages poussiéreux. A l'autre bout de la pièce, un bagnard était absorbé dans la lecture d'un livre d'images. Il ne releva pas la tête lorsque j'entrai. Mon coeur se gonfla de joie : j'allais pouvoir l'expédier en enfer sans trop me compliquer la vie. L'intellectuel releva alors la tête en souriant. Et il s'empara de la lourde hache posée à ses côtés. "Raté", me dis-je, un peu déçu.
Je levais ma pioche pour parer son attaque. Du premier coup de sa hache, il en sectionna le manche, la rendant aussi efficace qu'un ver de terre égaré dans le désert Mojave.
J'avisais le chandelier qui dépassait d'un des murs. A la nuit était tombée, les chercheurs d'or plantaient cet ustensile dans la roche ou dans le dos d'un rival pour continuer de fouiller l'eau des berges à la recherche du métal précieux. Je tirais sur le chandelier. Bingo! Il se terminait par une pointe effilée ! Du coin de l'oeil, je vis que mon geste avait du même coup commandé l'ouverture de la porte qui permettait de sortir de la bibliothèque. J'aurais sans doute pu me défaire du forçat à coup de manche de pioche, mais j'étais pressé. Armé du chandelier, je le chatouillais à trois reprises. Il disparut, emportant hélas sa hache avec lui dans les limbes.
Maintenant que régnait de nouveau le calme qui seyait à toute bibliothèque, je décidais d'explorer les lieux, en quête d'éléments qui pourraient m'être utiles.
Je m'emparais du livre d'images qu'avait lu l'homme à la hache. Il s'agissait d'un carnet d'esquisses composé de trois dessins, dus à la plume de Jed Stone lui-même. Stone n'était pas Michel-Ange. Mais d'un autre côté, Michel-Ange n'avait pas été une brute sanguinaire. A chacun son truc.
Le premier croquis n'était qu'une carte grossière de la Californie, qui me permit de me souvenir de ce que m'avait dit Greg Saunders au téléphone : Slaughter Gulch se trouvait sur la faille de San Andreas. Je me souvins que l'on avait annoncé à la radio que la faille avait de tremblé la veille et provoqué une petite secousses sismique. Se pouvait-il que... ?
Le second croquis, annoté par l'ingénieur Hutchinson, représentait un étrange champignon de fumée. Le dernier croquis reprenait la carte de la Californie. Mais toute la côté ouest avait disparu : la côte était désormais délimitée par la faille de San Andreas !
Dans son carnet, Hutchinson avait écrit que l'eau qui suintait des cavernes pouvait engendrer l'apocalypse. Il avait ajouté que selon une légende aztèque, celui qui ferait basculer le monde dans les flots par-delà la grande cicatrice règnerait sur le globe sans partage ! La faille de San Andreas ! La Grande Cicatrice ! Je commençais à entrevoir le dessein monstrueux de Jed Stone ! Le champignon de fumée représentait sans doute l'apocalypse ! J'étais entré dans Slaughter Gulch pour sauver Emily Hartwood, mais l'enjeu était devenu beaucoup plus important !
J'inspirais profondément, décidé plus que jamais à rayer Stone du monde des vivants et même de celui des morts ! Je repris mon exploration de la bibliothèque. Dans les rayonnages, je dénichais un journal calciné. Sur la page de garde était écrit un nom, d'une écriture appliquée et sereine : Don Fernando.

"Je suis maintenant certain que mon protégé ...............
fruit de l'union d'un nommé Pregzt et de .................
beth Jarrett. Dieu seul sait ce qui est .................
parents adoptifs de Jed Stone. Fasse Dieu que Jed ........
la route tracée par ses diaboliques géniteurs !"

Un nom me frappa : Jarret. Les flammes avaient rongé une partie du prénom, mais je savais qu'il s'agissait d'Elizabeth Jarrett, la sorcière que j'avais affrontée l'an passée, la complice de One Eyed Jack ! Ainsi, Jed Stone était le fils de cette femme ! A quel monstre avais-je donc affaire ?
Un peu plus loin, je trouvais une carafe d'eau. Et, en sortant de la bibliothèque, je marchais sur une aiguille. Ces objets me seraient très utiles, si j'en croyais le poème écrit par le bagnard...

Objets trouvés : 1 chandelle de mineur, 1 journal calciné, 1 carnet d'esquisses, 1 carafe d'eau, 1 aiguille.

L'ENTREE DU MONTE-CHARGE

La bibliothèque donnait sur un couloir obscur. A l'extrêmité de ce couloir, j'aperçus une sentinelle qui montait la garde : l'homme à la carabine ! Il s'agissait en fait d'un petit automate ! Suivant les indications du poème, je m'abstint de le frapper. Au moindre contact, un dispositif devait déclencher la minuscule Winchester pointée sur mon coeur...
Je versais sur l'homme à la carabine le contenu de la carafe d'eau que j'avais trouvée dans la bibliothèque. Aussitôt, une porte métallique coulissa. "Si tu lui donne à boire, il t'en sera gré, et alors jusqu'au ciel il te fera grimper", avait écrit le bagnard. Je comprenais maintenant le sens caché de ces vers imbéciles : je me trouvais devant un monte-charge !

Objets trouvés : Aucun.

LE MONTE-CHARGE

Je pénétrais dans la cabine et poussais le levier du treuil. La cabine s'éleva en grinçant. Sur le plancher métallique, je trouvais un petit cochon en porcelaine. Il me serait sans doute utile dans cet univers de porcs mal lavés...
Quelques secondes plus tard, le monte-charge s'arrêta avec une secousse. J'en ressortis avant qu'il n'ait la mauvaise idée de redescendre beaucoup plus vite qu'il n'était monté.

Objets trouvés : 1 cochon en porcelaine.

LA SORTIE DU MONTE-CHARGE

La porte métallique qui permettait d'accéder à la caverne suivante était fermée. Mais de part et d'autre, quatre monstrueux boutons de couleur émergeaient des parois. Je décochais un coup de tête agressif sur l'un d'entre eux, mais rien ne se produisit.
En massant mon occiput et en maudissant ma bêtise, je m'approchais du microscope posé sur une petite table à côté de la porte. Je n'avais pas fait d'études scientifiques, mais il ne fallait pas être un génie pour placer ses yeux sur l'oculaire. Ce que je fis avec dextérité. Mais je ne vis rien. Rien de rien. Réflexion faite, je n'aurais peut-être pas dû abandonner si tôt les études...
Hey ! A défaut de culture, j'avais la ruse ! Je sortis le cochon en porcelaine de ma poche. Je l'agitais avec un sourire cruel. Quelque chose tinta à l'intérieur. Il s'agissait soit des économies d'un bagnard, soit de...
Je jetais le cochon par terre. Il se brisa sans couiner. Je me penchais et récupérais une lamelle de microscope que je m'empressais de placer sous l'oculaire. Bingo ! Quatre pastilles de couleur s'étalaient maintenant sous mes yeux : blanc, vert, bleu, rouge...
Je me redressais et frappais successivement dans cet ordre les boutons monumentaux qui ornaient les parois.
La porte s'ouvrit docilement.

Objets trouvés : 1 lamelle de microscope.

LE LABORATOIRE (Chap 10)

Je m'immobilisais à l'entrée de la caverne dans laquelle je venais de mettre les pieds : les lieux puaient le poison et la douleur des âmes torturées. A quelles expérimentations impies se livraient-on ici ?
Je m'approchais d'une table de travail qui dégageait une odeur que pouvais reconnaître entre mille : celle du sang séché. Dessus, je découvris une fiole de poison.
Je me dirigeais vers l'autre partie du laboratoire, et sursautais en arrivant devant les grilles d'une petite geôle : un vieillard chétif vêtu d'une blouse blanche était emprisonné à l'intérieur. Il leva les yeux vers moi, dans une prière muette. Il semblait à bout de forces. Je regardais alors ses mains : ses doigts semblaient crocheter l'air avec avidité...
Je le regardais sans broncher. Je savais que je me trouvais en face de l'ingénieur Hutchinson. "Hey, une fois là-haut, gare-toi du vieux cinglé, et Méfie-toi de ses aiguilles empoisonnées !". Je sortais du monte-charge : je me trouvais donc "là-haut". En face du "vieux fou". Mais c'était moi qui possédais l'aiguille. Ainsi que le poison. Je fis prendre à la première un bain dans le second.
La geôle était fermée. Hutchinson détenait certainement des objets qui me seraient utiles. Il fallait que je trouve un moyen d'entrer...
Je me dirigeais vers la petite table placée à côté de la geôle. Une cornue était placée dessus. Je versais la fiole de poison dans le bec de la cornue. Il en suinta un liquide verdâtre, qui sentait l'anis. Sur un coup de folie, je fermais les yeux, portais la potion à mes lèvres et l'avalais d'un trait.
Je rouvris les yeux. Et poussais un cri d'effroi : je me retrouvais dans un lieu inconnu, en face d'une colonne gigantesque ! Une seconde plus tard, je réalisais que la colonne n'était autre que le pied de la table devant laquelle je m'étais tenu la seconde d'avant ! La potion m'avait réduit à la taille d'une souris ! Je fouillais mes poches : tous les objets que je possédais avaient disparu, sauf l'aiguille et la fiole de poison.
Devant moi, sous la table, se découpait un trou de souris. J'aurais pu m'y glisser, compte-tenu de ma taille actuelle. Mais je pouvais aussi me faufiler maintenant entre les barreaux de la geôle dans laquelle Hutchinson s'était enfermé (car j'étais maintenant certain qu'il s'était enfermé lui-même...).
De toutes façons, mon périmètre d'action était extrêmement limité : la plupart des dalles du laboratoires étaient disjointes, et de véritables précipices séparaient maintenant certaines d'entre elles, pour la souris sur deux pattes que j'étais.
Par le côté gauche, je m'approchais des grilles de la geôle et me glissais entre deux barreaux.

Objets trouvés : 1 fiole de poison.

LA GEOLE DU LABORATOIRE

J'avais dosé le poison au hasard. L'effet de la potion s'estompa dès que j'eus franchi les barreaux. Ma vision se brouilla tandis que je retrouvais ma taille normale.
Et devant moi, Hutchinson se redressa et gonfla jusqu'à devenir un véritable colosse : le contact prolongé avec le deutérium avait dû lui donner cette faculté de mutation. Le crâne d'Hutchinson s'allongea et se recourba vers l'arrière, tandis que les doigts de sa main droite se soudaient et s'allongeaient pour former un dard effilé et tranchant.
Je ne discutais pas des dernières découvertes de la physique atomique avec lui. Je pris l'aiguille empoisonnée dans ma main gauche et la plantais entre deux boutons de sa blouse distendue et maladorante. Instantanément, il se ratatina sur lui-même avec un soupir infect et disparut.
Par terre, sur les dalles imprégnées d'une odeur acide, je trouvais un petit flacon d'ammoniaque. Et là où s'était trouvé le dément, je récupérais une paille ainsi que la clé de la geôle. Je ne m'étais pas trompé : le bricoleur fou s'était bien enfermé lui-même, espérant sans doute m'écraser d'un coup de talon...
Je ressortis en essayant de siffloter. Mais la potion avait gercé mes lèvres.
La clé resta coincée dans la serrure. Qu'elle y reste ! Je n'en avais plus l'utilité.

Objets trouvés : 1 clé, 1 paille, 1 flacon d'ammoniaque.

DE RETOUR DANS LE LABORATOIRE

Je fis le tour du laboratoire, sans parvenir à trouver le moyen d'en sortir. La seule issue semblait être le trou de souris qui se trouvait sous la table. Il restait du poison dans la fiole, aussi je réitérais l'opération que j'avais déjà effectuée. Pfffuit !
Je fouillais mes poches : il me restait la paille et le flacon d'ammoniaque.
Le coeur battant, je me glissais dans le trou de souris, espérant ne pas y rencontrer une bande de rats animés de mauvaises intentions...

Objets trouvés : Aucun.

LE BOYAU

Devant moi s'ouvrait un boyau haut d'une dizaine de centimètres. En tendant les bras, je ne touchais même pas le sommet de la voûte !
Je me mis à courir, priant Smith & Wesson pour que l'effet de la potion ne disparaisse pas trop vite !
Mon coeur manqua un battement en apercevant le gouffre qui s'ouvrait devant moi : il s'agissait d'un banal conduit d'évacuation des eaux usagées, mais pour un gaillard qui ne dépassait pas les dix centimètres, même dressé sur la pointe des pieds, ses dimensions étaient effrayantes ! Je résistais à l'envie de faire demi-tour sur-le-champ : Jed Stone projetait d'engloutir la Californie sous les flots, et je ne voulais pas gâcher au pays la fête de l'Indépendance !
Je pris la paille que m'avait laissée Hutchinson et m'en servis comme d'une perche pour franchir le gouffre. J'atteignis l'autre bord de justesse ! La paille tomba en tourbillonnant. Je me remis à courir. Au passage, je ramassais une fiole qui contenait un liquide identique à celui que je venais de boire, mais je m'abstins de l'ingurgiter. Je n'avais qu'une envie : sortir de ce boyau et retrouver ma taille habituelle. Je me sentais comme une souris blanche prise de panique.

Objets trouvés : 1 fiole de produit.

LA CAVERNE DE SPIDER

Je repris ma taille normale une fraction de seconde après être sorti du boyau. Il était moins une !
Les murs de la caverne suintaient d'humidité. Au fond était tendue une gigantesque toile d'araignée. Quel monstre en était l'auteur ? Le bagnard au corps déformé qui se précipita à quatre pattes vers moi ! Je fis un pas de côté au moment où il ouvrait la bouche : un dard rétractile en acier venait d'en jaillir !
J'étais désarmé, les poches quasiment vides. Je tentais de trouver une solution pour me débarrasser de la créature cauchemardesque, tandis qu'elle tentait inlassablement de me repousser vers la toile. Je me doutais qu'au moindre contact avec la soie visqueuse, je me retrouverais complètement englué.
Soudain, le bagnard arachnéen interrompit ses assauts vicieux pour se diriger vers un pot placé contre un mur. Le dard jaillit de sa gueule et plongea avec avidité dans ce qui ressemblait à de la marmelade. Puis le bagnard revint vers moi.
Nous jouâmes ainsi à la mouche et à l'araignée pendant un bon moment. A intervalles réguliers, le monstre retournait vers le pot de marmelade. Je souris. Je venais d'avoir une idée. Je sortis la petite fiole de potion que j'avais trouvée dans le boyau et la versais dans le pot. Quelques secondes plus tard, comme prévu, la créature fit la pause-confiture. L'instant d'après, elle était réduite à une taille minuscule.
Je m'approchais d'elle et m'en débarrassais d'un mouvement souple du talon. J'avais toujours eu horreur des araignées...
Maintenant que je ne risquais plus d'être percé de part en part par une abomination qu'aucun livre de sciences naturelles n'avait jamais mentionnée, je fis le tour du propriétaire. Dans un mur se découpait un petit volet. Méfiant mais curieux, je l'ouvris. Mon sang se figea : à travers le hublot, je pouvais voir Emily, prisonnière du pentagramme en forme de crâne. Devant elle : Jedc Stone !
Le maître de Slaughter Gulch me tournait le dos, mais il devait avoir un sixième sens, car il se retourna à ce moment-là, et je vis qu'il tenait un shotgun. Je me reculais précipitamment avant de me faire maquiller au plomb ! Le volet se referma en claquant.
Je n'avais plus un instant à perdre ! Je touchais au but !
Près de la toile se trouvait un pot de glue. Il s'agissait vraisemblablement d'un excédent de sécrétion visqueuse de l'araignée monstrueuse. Contrairement au pot de marmelade, il n'était pas collé au sol. Je le pris.
Un petit conduit donnait vers le haut. Mais aucune prise ne permettait de grimper. J'enduisis mes mains de glue et entamais l'ascension.

Objets trouvés : 1 pot de glue.

LA CAVERNE DE HAMMER

Au moment ou j'émergeais de la cheminée rocheuse, des yeux cruels se rivèrent aux miens. J'avais déjà vu des sales têtes, mais je n'en avais encore jamais vues de pareilles : celle-ci était posée sur un petit meuble. Juste une tête. Le corps qu'elle avait surmonté un jour devait être celui du colosse qui martelait un lingot de plomb sur une enclume. Il ne possédait pas de marteau. Et pour cause : chacune de ses mains était cinq ou six fois plus grosse que les miennes et semblait taillée dans le granit.
Le géant sans tête se tourna vers moi. Je vis que la tête posée sur le meuble suivait mes déplacements et que le colosse pouvait ainsi me repérer. J'évitais les grands moulinets de ses battoirs monstrueux. Un seul coup de poing m'aurait aplati le visage.
Je ne devais pas céder à la panique. Je ne devais pas perdre la tête. Ou plutôt, si ! Là était la solution ! Je devais perdre la tête ! je m'emparais de la tête juchée sur le meuble et la jetais dans la cheminée d'où j'étais sorti.
Le colosse plongea dans l'ouverture, tel un fidèle toutou. A ce moment-là, la porte de la caverne s'ouvrit automatiquement.
Avant de sortir, je m'approchais de l'enclume et m'emparais du lingot de plomb posé dessus. Derrière l'enclume se trouvait une niche taillée dans la roche. Et dans cette niche, un trésor inestimable : une Winchester ! Mes doigts devenaient fébriles : je n'avais plus touché la crosse d'une arme depuis trop longtemps ! Suant et soufflant, je poussais l'enclume pour dégager le passage et accéder à la niche. Ma main se referma sur le canon en acier. A côté de la Winchester se trouvait une fiole. La vie était belle.

Objets trouvés : 1 lingot de plomb, 1 Winchester, 1 fiole.

LA CAVERNE DE COBRA

Je pénétrais dans une caverne de forme oblongue. Devant moi, je reconnus l'une des faces de rat qui ornait l'un des avis de recherche placés dans le bureau du shérif : Cobra. Sans le quitter des yeux, je me baissais et récupérais la fiole posée à ma droite. Je la boirais plus tard...
J'aurais bien aimé affronter Cobra à mains nues, mais ce lascar gesticulait de façon impressionnante et je ne tenais pas à recevoir un coup de pied mal placé. Sans prendre la peine de le saluer, j'armais la Winchester et pressais la détente à trois reprises. Il mourut dans une dernière contorsion qui n'était inscrite dans aucun manuel de karaté.
Je m'approchais de l'endroit où il s'était trouvé avant de prendre l'ascenseur pour l'enfer et récupérais un dollar en or ainsi que sa perruque : une natte de cheveux noirs noués par un crochet.
Puis je me dirigeais vers la porte dont Cobra m'avait barré l'accès. Un portrait de Jed Stone était collé à côté. Je vis que la bouche était ouverte. Connaissant la passion de Stone pour l'or, je glissais le dollar en argent dans la fente. Bingo! La porte s'ouvrit. Elle donnait sur une échelle que j'entrepris illico de descendre.
Arrivé en bas, je tendis l'oreille : pas un bruit. Je me baissais et ramassais une boîte d'allumettes. Puis je débouchais dans l'antichambre de l'Enfer !

Objets trouvés : 1 perruque de bagnard, 1 dollar, 1 boîte d'allumettes.

LA SALLE DU CRANE

Emily Hartwood était agenouillée au centre du pentagramme en forme de crâne. Jed Stone prit la fuite et quitta la salle du crâne avant que n'eusse pu faire un geste. Je fus tenté de le suivre, mais j'étais ici pour sauver Emily.
Je résistais à la tentation de pénétrer dans le pentagramme. Jed Stone ne se serait pas enfui sans laisser un piège diabolique derrière lui.
J'observais attentivement la configuration du crâne démoniaque. Contre un mur était placée une caméra, certainement celle qu'avait utilisée Stone pour tourner le petit film que j'avais pu visionner sur la table de montage. Sur le film, Jed Stone avait placé une espèce de bloc de minerais au sommet du crâne. Cette manoeuvre avait déclenché des flux d'énergie. Je m'approchais du sommet du crâne. Le bloc de minerais était toujours là. Il brillait d'une lueur verdâtre de mauvais aloi. Je me penchais et me remémorais soudain les notes de l'ingénieur Hutchinson :

"Tout contact avec le minerais de la montagne cause des mutations irréversibles. Mr Stone semble immunisé contre les radiations, mais tous les autres devront couler du plomb sur le minerais avant de le manipuler !"

Je me redressais, épongeant un filet de sueurs froides. Je ne tenais pas à découvrir quelles sortes de "mutations irréversibles" causait le minerai.
A côté de crâne était posé un creuset, au-dessus d'un brasero. Il pouvait être incliné, de façon à ce que son contenu soit déversé sur les rigoles qui constituaient le contour du crâne démoniaque. La première rigole filait droit sur le bloc de minerai.
Il ne me fallut pas plus d'une minute pour élaborer un plan. J'allumais le brasero avec les allumettes. Puis je plaçais dans le creuset le lingot en fonte récupéré dans la caverne du colosse sans tête. Lorsque le plomb eut fondu, je fis basculer le creuset. Le liquide grisâtre s'écoula dans la rigole et enroba partiellement le minerai.
Dès que le plomb eut durci, je me penchais et le décollais de la rigole. Je disposais maintenant d'un long manche en plomb au bout duquel se trouvait le minerais maléfique. Retenant mon souffle, je pénétrais dans le crâne démoniaque.
Emily semblait sonnée. Elle fit quelques pas et s'écroula, à bout de forces. Au moins, elle était saine et sauve. Je fis le tour de l'antre du maître sanguinaire de Slaughter Gulch. Je trouvais un vieux numéro de Johannesburg Gazette, qui me permit de découvrir les tristes débuts de Jed Stone.

"JOHANNESBURG GAZETTE - 2 novembre 1837.
Hier, alors que la fête d'Halloween battait son plein, les flammes ont déchiré la nuit. Un incendie d'origine inconnue s'est déclaré dans les bâtiments de la mission San Juan. Aucune victime n'est à déplorer, mais on n'a pas retrouvé Jedediah Stone, l'un des jeunes orphelins élevés par le père Don Fernando. Souhaitons qu'il ne soit rien arrivé au jeune Jed !"

Dans un angle de la salle, je trouvais une boîte de munitions pour Winchester ainsi qu'un parchemin contenant la transcription d'une vieille légende indienne :

"Autour de l'aigle qui règne sur le monde vert, aucun esclave du mal ne peut survivre !"

L'écriture nerveuse était sans doute celle de Jed Stone lui-même !
La nuit allait s'achever bientôt. Jed Stone était tout proche. Seul l'un de nous deux verrait le jour se lever. Je relus attentivement la légende indienne : si elle se trouvait dans la salle du crâne, c'est qu'elle devait avoir un sens extrêmemnt important.
Je m'approchais d'Emily. La pauvre fille gisait sur le sol, évanouie. Même si elle ne pouvait pas m'entendre, je lui promis de revenir la chercher. Sur le mur, un levier métallique dépassait. Je tentais de l'actionner, mais il était bloqué. Bah!
J'entrais dans le passage qu'avait emprunté Jed Stone.

Objets trouvés : 1 bâton radioactif, 1 boîte de balles pour Winchester, 1 journal, 1 légende indienne.

LE COULOIR DE LA MORT

Une porte métallique se referma en coulissant derrière moi. Je me trouvais dans un long couloir désert.
Je fis deux pas et m'immobilisais. Le couloir n'était plus désert : devant moi, un bagnard armé d'un poignard venait de se matérialiser du néant. Et la porte au bout du couloir se mit à avancer derrière lui. Elle était sans doute montée sur des vérins hydrauliques. Ce qui me chagrinait, c'était surtout la quantité de pointes rétractiles qui dépassaient désormais du vantail d'acier.
J'ouvris le feu sans hésitation sur le gibier de potence qui souhaitait élargir mon sourire et récupérais son poignard. Mais cela n'empêcha pas la porte d'avancer. Encore quelques secondes et j'allais embrasser la mort.
Je me tournais vers la porte de la salle du crâne. Emily aurait peut-être pu me tirer de ce guet-apens, si elle n'avait pas perdu connaissance. Je fouillais fébrilement mes poches et en retirais le flacon d'ammoniaque. L'odeur aurait réveillé un mort. Je me reculais et le jetais de toutes mes forces sur la porte de la salle du crâne, espérant que les vapeurs passeraient à travers la serrure et tireraient Emily de son évanouissement.
Bingo ! J'imagine qu'elle se releva et actionna un levier quelconque : la porte mortelle recula et regagna son logement au bout du couloir. Je poussais un soupir de soulagement en voyant les pointes effilées se rétracter.
Je m'approchai. Un crochet hors d'atteinte me nargait. Je pris la perruque de Cobra et attrapais le crochet d'un geste sec du poignet. Je tirais la chevillette et la bobinette chut. En clair, la porte s'ouvrit. Sur l'apocalypse, ou ce qui s'en approchait de plus, du moins.

Objets trouvés : 1 poignard.

LE RESERVOIR SOUTERRAIN

La porte se referma derrière moi, mais c'est à peine si je m'en rendis compte. Ce qui frappait l'oeil d'entrée, ce n'était pas la dimension gigantesque de la caverne : c'était l'énorme cuve en acier qu'elle contenait. Et l'homme en armure qui la gardait ! Il s'agissait de Stone, j'en étais certain : même corpulence, même démarche. Et le même regard dément brillait à travers les fentes du casque.
Ce n'était pas avec ma Winchester que je pourrais l'affronter. Une telle armure était invulnérable aux balles. A gauche s'ouvrait une petite grotte. Je m'y ruais au moment où les frères Elwood apparaissaient. Le tableau était complet : aucune balle ne pouvait tuer ces deux-là ! Il allait falloir que je réfléchisse, et vite !
Un totem en forme d'aigle se dressait au fond de la petite caverne attenant à la nécropole principale. Des niches funéraires étaient creusées dans les murs. Avant que je n'eusse pu prolon.
Je m'inclinais devant une demoiselle en carton-pâte, soulevais sa robe et m'emparais d'une boîte de balles pour Winchester après lui avoir fait toutes mes excuses.

Arrivé au milieu de la salle, je m'aperçus que les "musiciens" ne Je sortis le bâton plombé qui contenait le bloc de minerais vert et le plaçais entre les serres de l'aigle au moment où les Elwood étaient prêt à mettre un terme prématuré à ma nuit. Le plomb qui recouvrait le minerais fondit aussitôt, et les yeux de l'aigle se mirent à luire. Tout autour du totem, un cercle ouvragé était gravé dans la pierre.
Les indiens avaient eu raison : "Autour de l'aigle qui règne sur le monde vert, aucun esclave du mal ne peut survivre!". Les frères Elwood entrèrent dans le cercle et disparurent !
Moi pas.
Même si j'avais fusionné avec mon double diabolique, j'avais donc quand même conservé une parcelle de bonté dans mon coeur !
Il fallait maintenant que je mette un terme à la vie de Jed Stone et à son plan démoniaque. Je pris la fiole placée dans un angle, derrière le totem, la bus et criais : "A nous deux !". L'énorme cuve allait sans doute engendrer l'apocalypse dont avait parlé Hutchinson. Quelque chose qui avait à voir avec l'eau lourde des cavernes et le deuterium, mais mes connaissances en physique étaient trop limitées pour que je pusse comprendre exactement de quoi il s'agissait. Il était inutile d'espérer que Stone pénètre dans le "monde vert" : après tout, c'était lui qui avait décrypté la légende, et il connaissait la magie du totem.
Evitant les projectiles que crachait le bras de Stone, je m'approchais du réservoir, là où un petit robinet dépassait. Je l'ouvris. L'eau se mit à couler dans une rigole. Par terre se trouvait un gant en caoutchouc. Je le pris. Sur le mur, plusieurs câbles électriques étaient tendus. Je suis nul en physique, mais je sais que l'eau et l'électricité font mauvais ménage. Et je sais que le métal est conducteur. Stone s'approchait. Protégé par le gant en caoutchouc, je tranchais l'un des câbles. L'extrémité se mit à pendre dans la rigole pleine d'eau. Je pris la poudre d'escampette et me réfugiais dans la salle du totem au moment où Stone arrivait. Je le vis poser un pied dans la rigole. Tout son corps fut agité par de terribles soubresauts d'agonie.
Au moment où la vie quittait son corps, les âmes des indiens défunts sortirent du totem qu'avait profané le maître de Slaughter Gulch. Je les vis s'enrouler autour de lui, pénétrer dans son armure, broyer son âme.
L'instant d'après, le calme était revenu. Le calme : pas vraiment : l'énorme cuve semblait sur le point d'exploser. Que faire ?
La porte du fond s'ouvrit et je vis Emily me faire signe de la rejoindre. Je pris au passage un sac de charbon qui traînait dans un coin et me précipitais vers elle. Il fallait fuir les cavernes au plus vite !

Objets trouvés : 1 gant en caoutchouc, 1 sac de charbon.

LA CAVERNE DU TRAIN

Je n'étais pas au bout de mes surprises : cette caverne abritait un train. Un train d'enfer. Emily avait quitté la salle du crâne en trouvant un passage secret. Elle avait retrouvé du poil de la bête, mais cela ne m'avançait guère : la caverne était sans issue.
Emily était montée dans la locomotive. Je la rejoignis et décidais de tenter le tout pour le tout : j'ouvris la chaudière et vidais le sac de charbon à l'intérieur. Puis je craquais une allumette pour mettre le train en chauffe. Je poussais le levier et la chaudière se mit en pression.
Une minute plus tard, le monstre de métal s'ébranlait sur les rails.

Objets trouvés : Aucun.

LES RAILS

Défonçant les éboulis qui le retenaient prisonnier, le train fou émergea de la montagne. Derrière nous, un bloc de roche s'effondra sur le wagon plombé, qui scella ainsi l'ouverture. La terre gronda tandis que le train poursuivait sa course, droit sur le ravin qui bordait Slaughter Gulch !
Le train fantôme enjamba l'obstacle, perdant son dernier wagon au passage dans le gouffre. La locomotive s'arrêta en gémissant sur le sable du désert.

Objets trouvés : Aucun.


EPILOGUE

Je pris Emily par la main et descendis de la locomotive.
Derrière nous, la montagne semblait agitée de soubresauts. Le wagon plombé qui scellait l'ouverture contenait à l'intérieur l'explosion qui était en train de la secouer.
A quoi le monde avait échappé ? Je n'aurais pas su le dire avec précision. A l'apocalypse, je crois.
Je me tournais vers Emily. Le jour se levait. Main dans la main, nous nous éloignâmes de Slaughter Gulch. Je souriais, mais je ne pouvais pas m'empêcher de penser au message que j'avais trouvé dans la tombe de One Eyed Jack : "Je reviendrai!".
Je serais là, Jack !

Du haut de la montagne, le shaman navajo apparut. Sur son poignet, un aigle était juché. Sous le soleil naissant, il regarda les deux silhouettes s'éloigner de la locomotive et s'enfoncer dans le désert.
Il y a bien des lunes, un homme blanc était arrivé dans le Champ des Braves et en avait fait une terre maudite.
Cette nuit, un autre homme blanc était venu. Mais celui-là était un brave. Son coeur était bon. Il avait chassé les ténèbres.
Le shaman tendit le bras, et l'aigle prit son envol.

Gérard Jouannet

- FIN -



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